Finobuzz- Krach Machine: comment le HFT menace de faire sauter la Bourse ?!
Les High Frequency Traders, ces nouveaux « requins de la Bourse, » on en parle de plus en plus. Michael Lewis les a mis sous les projecteurs avec son Best seller Flash Boys. Une autre référence littéraire en la matière est le livre Krach Machine de Frédéric Lelièvre et François Pilet.
Si vous voulez découvrir l’univers du High Frequency Trading et connaitre les risques qu’il fait courir au système financier, le livre Krach machine : Comment les traders à haute fréquence menacent de faire sauter la Bourse
de Frédéric Lelièvre et François Piler est un très bon commencement !!
Un des points positifs de ce livre, et un point que nous aimons beaucoup chez Finobuzz, est qu’il est écrit en Français !! (ça change des livres anglophones sur le sujet, c’est cool 🙂 )
Nous vous proposons ici un bref résumé de ce que vous trouverez dans ce livre:
Quelques chiffres clés
- Les traders à haute fréquence peuvent passer leurs ordres en 37 microsecondes à la Bourse de New York, soit 6 756 fois plus vite que le clin d’œil.
- Un câble entre New York et Londres permet aux ordres de circuler d’une place à l’autre en 60 millisecondes.
- Le HFT est à l’origine de plus de 60% des ordres aux États-Unis et de 40% en Europe.
- La part du HFT atteint désormais 30% sur les devises, voir 45% pour les devises les plus traitées comme l’euro et le dollar, selon les chiffres de la BRI.
- Plus de neuf ordres sur dix sont annulés.
Le HFT, un petit monde
« Les algorithmes sont des programmes informatiques conçus dans le plus grand secret par une poignée de fonds spéculatifs et de grandes banques internationales. » Ils analysent d’immenses quantités de données et passent leurs ordres sans intervention humaine.
Les HFT investissent pour leur propre compte, ils n’ont pas de clients. Ils transigent à haute fréquence mais à la fin de la journée, ils ne détiennent plus de titres, leurs positions sont à zéro, selon le livre Krach machine.
Actuellement, les acteurs du HFT sont une vingtaine, les plus connus étant Getco, Citadel, Renaissance, QuantLab et IMC.
Toutefois, malgré leur petit nombre, leur impact sur la Bourse n’est pas négligeable.
Alors qu’il y avait 230 sociétés de teneurs de marché (market makers) à la Bourse de New York en 1933, ils ne sont désormais plus que 4: les banques Goldman Sachs et Barclays, et 2 firmes de HFT, Knight Capital et Getco.
Pourquoi le HFT s’est développé ?
Le HFT s’est vraiment développé avec la mise en place aux États-Unis de la Regulation National Market Syystem, la « Reg NMS, » en 2007, qui impose que tous les ordres adressés à toutes les Bourses doivent être obligatoirement comparés les uns aux autres pour régler les transactions au meilleur prix disponible.
Celui qui empoche la commission est maintenant celui qui est capable de saisir la meilleure offre le premier, et à ce jeu, les traders plus rapides que la lumière sont imbattables.
Que reproche-t-on au HFT ?
En théorie, les traders haute fréquence se contentent de se glisser entre les acheteurs et les vendeurs en ponctionnant quelques dixièmes de centime par transaction, dit le livre Krach machine.
Mais en pratique, les plus agressifs d’entre eux peuvent faire bondir les cours d’une action de plusieurs dizaines de centimes en une fraction de seconde, ce qui peut faire perdre beaucoup d’argent à des investisseurs institutionnels qui transigent sur plusieurs milliers de titres.
Les traders à haute fréquence manipuleraient donc les cours boursiers, notamment en usant de deux techniques:
1/ le « spoofing » et
2/ le « layering«
Le spoofing consiste à lancer une quantité d’ordres en continu au-dessous et au-dessus du cours, à une petite dizaine de centime du dernier cours connu.
Un acheteur pourrait essayer de saisir cette offre attrayante.
Mais aussitôt sa transaction détectée, le carnet d’ordres se vide à mesure que l’algo annule son offre, avant d’en replacer une nouvelle, bien sur, à un prix plus élevé.
Si l’acheteur n’a pas le temps d’annuler son ordre, il payera un prix gonflé artificiellement…
Le layering est une attaque plus sophistiquée qui consiste à piéger un autre algorithme, dit le livre Krach machine.
En plus de la manipulation de cours, certaines études montrent que l’essor des fonds spéculatifs et des traders à haute fréquence ne fait pas qu’augmenter les volumes de transactions, mais qu’ils tendent aussi à transmettre la volatilité des marchés financiers à ceux des matières premières.
Un autre reproche formulé par Didier Sornette, le professeur qui « prévoit les crises, » est que le trading à haute fréquence n’apporterait aucun gain à l’économie.
« Aujourd’hui la finance a pris une taille telle que, plutôt que d’être au service de l’économie, elle met l’économie à son service. »
Du côté des acteurs en faveur du HFT, Jean-Philippe Bouchaud, président du hedge fund français CFM, estime que la mauvaise presse sur le négoce à haute fréquence est alimentée par les banques.
Elles « ont un intérêt objectif à attirer l’attention sur le HFT. Cela les exonère des conneries faites ces dernières années, en prenant des risques systémiques incomparables. »
Qui sont les High Frequency Traders ?
Vous vous imaginez un Gordon Gekko (du film Wall street) des temps modernes ? Et bien vous avez tout faux !!
Les High Frequency Traders ne viennent pas des écoles de commerce
mais des sciences dures.
Les HFT sont des sortes de « geek, » dit le livre Krach machine.
Certains d’entre eux pourraient d’ailleurs être comparés à des hackers black hat tel que le montre l’exemple de la personne à l’origine du fameux Flash Crach de 2010.
Soulignons qu’il s’agit d’un coupable idéal, mais selon la version officielle, le Flash Crash de 2010 serait attribuable à un trader de 36 ans qui « boursicotait seul sur son ordinateur dans une chambre de la maison de ses parents, dans la banlieue de Londres. »
Sur Amazon: L’engrenage : Mémoires d’un trader
Bien qu’on ne puisse pas dire avec certitude que tous les traders à haute fréquence sont mal attentionnés, ce qui est marquant chez les HFT, et contraste avec la finance de banquiers d’antan, est l’accent mis sur les données pour « comprendre le système. »
« Les économistes sont habitués à construire des modèles théoriques, bourrés de mathématiques pour étaler leur savoir. Ils essaient ensuite de faire rentrer la réalité dedans mais cela ne fonctionne pas, » explique Richard Olsen, un des pionniers de la haute fréquence cité dans le livre.
Le financier-chercheur (et les traders à haute fréquence) préfère d’abord se plonger dans les données, en ensuite seulement en « dégager des lois, » l’objectif étant de « véritablement comprendre le fonctionnement du marché. »
Jean-Philippe Bouchaud, le patron de CFM, abonde dans ce sens.
« Depuis l’arrivée des données massives, on ne peut plus se contenter de faire des maths. Sinon on se plante. Au début des années 90, les données commençaient à être disponibles, mais elles restaient difficiles à obtenir. Utiliser des modèles mathématiques, la formule de Black & Scholes, a permis d’avancer faute de mieux. Continuer à le faire alors que les données sont là, c’est non seulement absurde, mais aussi dangereux. »
Un trader à haute fréquence cité dans le livre Krach machine semble aussi offrir la même vision:
« On apprend à exécuter des transactions dans cet univers, à analyser le carnet d’ordres afin de comprendre ce que font les acheteurs et les vendeurs. L’ancienne finance, celle de Black & Scholes, est très théorique. Il y a un modèle, que l’on essaye d’adapter aux données. En HFT, il n’existe pas de modèle, pas de théorie ; il faut inventer ses solutions, et les mettre en pratique, » dit-il.
Et à ce jeu là, les Français sont très bien préparés, mais la percée des étudiants parisiens est à relativiser, dit un expert en recrutement cité dans le livre:
« Je dirais qu’ils [les étudiants parisiens] peuvent manquer de flexibilité, alors que c’est un univers en perpétuel changement. Ils sont très fort en maths, cependant ils manquent parfois de curiosité. »
La métaphore du surfeur
Selon le livre Krach machine , « à bien y réfléchir, les traders à haute fréquence ont quelque chose des surfeurs. »
Des ordinateurs surpuissants leur servent de planche. Il sortent quand il y a de la houle (des marchés volatils).
« En cas de mer calme, ils parviennent à créer des vagues, et virent vers le large avant qu’elles ne se fracassent sur le rivage.
Sur leur surf, ils devancent toujours les nageurs incapables de s’accrocher à eux pour les suivre. »
Pour en savoir plus sur le sujet, consultez:
- Krach machine : Comment les traders à haute fréquence menacent de faire sauter la Bourse
de Frédéric Lelièvre et François Piler
- Flash Boys : Histoire d’une révolte à Wall Street
de Michael Lewis
[Crédit GIF: giphy]
Poursuivez avec: Finance de Marché: le béaba de l’Arbitrage Statistique
Donnez un petit coup de pouce à Finobuzz :
Finobuzz vous recommande aussi:
HFT: le Trading à Haute Fréquence, c’est quoi ?! [Vidéo]
Lisez [& Téléchargez] Gratuitement Flash Boysde Michael Lewis !!!!!
Quelles sont les stratégies du High Frequency Trading ?!
Et bien plus encore sur Finobuzz.com, Le Site de la Nouvelle Génération d’Entrepreneurs et de Financiers !!
Suivez nous sur Facebook ou sur Twittter @Finobuzz
Parlez de Finobuzz autour de vous et contribuez à créer la nouvelle génération de financiers et d’entrepreneurs!!
Made with and
by Finobuzz
Pingback: Infographie: Comment les algorithmes changent le visage de Wall Street ?! | Finobuzz·